Rizières et rivières
Tout d'abord un conseil : lisez l'article jusqu'au bout, une surprise à la fin, et si vous voulez voir plus de photos consultez les albums, on ne les met plus toutes dans les articles.
Nous continuons notre périple à travers la campagne chinoise. Nous voici arrivés à notre dernière destination : Yangshuo, où nous restons une semaine.
Yangshuo est célèbre dans le monde entier pour ses pics karstiques et ses pêcheurs aux cormorans. Vous avez déjà du voir ces décors dans des publicités ou bien dans « Dragonball » pour la génération Club Dorothée. Comme un peu partout en Chine, le paisible village de pêcheurs a laissé la place à un centre touristique sans charme et totalement artificiel. Heureusement il suffit de prendre un vélo et de quitter la ville pour se retrouver dans la campagne chinoise du XIXe siècle.
La ville se trouve au croisement des fleuves Li et Yulong, que l’on peut descendre sur des bateaux croisières à un prix astronomique. Mais il est possible de glisser paisiblement en radeau de bambous (on vous le propose environ 428 fois par jour, donc pas de mal à trouver). Nous partons donc à vélo à travers la campagne pour trouver le dock de départ de notre super croisière sur le fleuve Yulong. Etant donné que chacun de nous pensait que l’autre avait compris les explications de notre réceptionniste pour trouver la route, nous nous sommes bien paumés dans la campagne, surtout que pas mal de rabatteurs vous indique le chemin vers leur site et du coup vous perdent encore plus. Une fois arrivés après avoir croisés par chance des personnes du même hôtel, nous voila partis pour notre croisière en Bamboo rafting (admirez la classe de notre bateau) !
Tous les «chauffeurs » de radeau ont leur bière à la main et nous ne tardons pas à comprendre pourquoi : tout le long du chemin, nous croisons au milieu de la rivière des mini stands proposant bières et autres boissons, insistant fortement pour que nous offrions une bière à notre chauffeur. Y a pas à dire, niveau business, les Chinois sont forts ! Le long du fleuve on croise des radeaux-restaurants, radeaux-photographes, radeaux-bar….
Nous traversons des paysages magnifiques et petit à petit, nous oublions que notre chauffeur doit en être déjà à une bonne douzaine de bières. Par moments nous devons descendre des mini-cascades, la première fut un peu surprenante et nous nous sommes retrouvés trempés. Après deux heures très agréables et relaxantes, nous arrivons au dock d’arrivée. Bilan, nous avons beaucoup aimé cet instant, c’est une excursion que nous recommandons pour ceux qui passeraient dans la région.
Nous reprenons la route vers la colline de la lune, et nous arrêtons au café boire un verre et admirer la vue. On peut y contempler un croissant ou une demi-lune selon le point de vue où l’on se situe. Les cartes ici proposent des plats assez surprenants, en effet, un adage dit que dans cette région les gens mangent tout ce qui à quatre pattes sauf les tables (bon dans ce cas là il n’y a pas de pattes…).
Le jour suivant, nous décidons de descendre le fleuve Li, attraction la plus célèbre du coin. Mais grosse déception, notre radeau est à moteur, pas terrible pour la tranquillité, et la rivière est un vrai embouteillage. Les décors sont certes magnifiques mais nous avons préféré la rivière Yulong. D’autant plus que la brume nous empêche d’admirer les pics calcaires et de faire de belles photos.
A la nuit tombée, nous sommes allés voir les fameux pêcheurs aux cormorans. Sur leur radeau de fortune, les pêcheurs ont dressé des cormorans pour leur ramener le poisson. Nous avons pu en observer un de très près en le suivant en bateau, les cormorans sont vraiment impressionnants, excellents nageurs et pêcheurs. Après la séance de pêche, nous avons eu droit à un petit show « attrape-touriste » : pause photo avec cormoran sur le bras, démonstration de régurgitations de poisson… Pas trop dans notre esprit, mais c’est toutefois le seul moyen d’observer ce type de pêche. Lors de l’excursion nous avons rencontré un Ecossais, professeur de beaux arts à Hong Kong, ainsi qu’un couple de Français. Nous avons partagé le repas du soir tous les 5 et avons passé un moment agréable. Juste après avoir pris sa retraite, le Français nous explique qu’il vient de passer trois mois à travers la Russie, la Mongolie et la Chine pendant que sa femme continue de travailler J
Le coin offre de nombreuses attractions, un peu à l’image de la Chine. Les sites touristiques se sont d’ailleurs adaptés aux besoins des touristes chinois, présents partout à une écrasante majorité, comme nous avons pu le voir à Lijiang. Du coup des attractions regroupent un peu tout et n’importe quoi, nous en avons fais les frais lors de notre journée suivante : la ville est couverte de publicités vantant les mérites des grottes d’eau. Elles poussent dans les environs comme des champignons et rivalisent de noms extravagants : la grotte du dragon, de la lune, du papillon, de Bouddha, etc. Bref, vous l’aurez compris, difficile de passer à côté. Chacune étant bien sûr l’originale alors que les autres ne sont que de pâles copies ! Sur les conseils de notre hôtel (sic), nous nous préparons à une formidable aventure dans la grotte du dragon. A la vue du prospectus, le spectacle est grandiose dans ce monde souterrain où l’on peut se baigner dans une eau cristalline, une source chaude et prendre un bain de boue ! Bon, le prix est quand même de 10€ par personne mais on se lance.
Résultat : après 15km dans une fourgonnette qui avance sur une route cabossée, nous débarquons au milieu de nulle part, entourés de 3 petits vieux et de poules.
On nous indique gentiment l’entrée où nous attend notre guide, une jeune femme de 17 ans (sûrement géologue !). Surprise, sur les photos la grotte a l’air bondée de monde, alors que nous sommes quasiment seuls. Nous embarquons sur une barque vers ce fabuleux monde créé par dame nature ! Nous nous régalons des explications scientifiques et pertinentes de notre guide et ne pouvons nous empêcher de vous en dévoiler certaines, quitte à vous gâcher le plaisir si un jour vous décidez de les visiter : « Ici une stalagmite en forme de chien (ooohhh), vous pouvez admirer ici un ensemble en forme d’éléphant, (waaahh), alors ce truc la, on dirait une méduse ! (aarrrghh !!!), alors regardez cet ensemble on dirait exactement les 5 doigts de la main », puis Guillaume ajoute : « oui mais là y en avait un 6ème que vous avez coupé… », réponse : « euh, ben, c’est-à-dire que, euh…. ». Oui car les chinois ont une autre manière d’apprécier les merveilles souterraines, ils n’hésitent pas à « transformer » un peu les choses histoire de les «embellir », le plus important c’est de pouvoir poser sur une belle photo à montrer au boulot après tout ! De manière un peu plus objective, on peut dire que la grotte regroupe quelques stalactites et stalagmites admirables mais que le reste ne vaut pas le détour.
Après ce grand moment de découverte, nous entamons la deuxième partie de la visite : les bains. L’eau cristalline de la photo a disparue et le bassin qui l’a remplacée est à 10°, tant pis nous passons directement au bain de boue. Raté, la boue est aussi à 10° dans un endroit un peu glauque où deux hommes demandent de manière un peu trop insistante à Agnès de poser ses fesses dans la gadoue ! Eh bien non et tant pis pour la photo souvenir ! Bon ben du coup, il ne reste plus qu’à tester les sources chaudes. Celle-ci est dans une grande salle au milieu de la grotte mais vient d’être découverte récemment, du genre quelques mois après qu’une grotte concurrente ait « trouvé » la sienne…. Ahh la magie de la nature…. Nous voilà serrés dans un trou aussi grand qu’une baignoire à nous demander ce qu’on fait ici. Ce fut le seul moment de détente de la visite. Vous l’aurez compris, la grotte nous a laissé de marbre.
A la sortie de la grotte, un minibus vient d’arriver. Nous lui demandons s’il peut nous ramener, après nous avoir rigolé au nez, il nous dit que oui. Mais nous nous apercevons qu’il ne nous ramène pas à l’entrée du site mais en ville. Nous lui précisons que nous voulions nous arrêter, celui-ci nous montre 2 avec ses doigts quand on lui demande combien la course va nous coûter. Mais surprise, à l’arrivée, il nous demande 20. Après avoir refusé, il nous fait amicalement signe de déguerpir. Bon ben, on a voyagé gratuitement du coup…
L’épisode des grottes nous ayant définitivement vacciné contre les « attractions » fantastiques de la ville, nous faisons impasse sur tout le reste et nous nous contentons pour les deux derniers jours de louer des vélos et de partir explorer la campagne. Et nous n’avons pas été déçus, ces deux jours resteront sans doute notre meilleur souvenir de la Chine. Nous arpentons les chemins des écoliers à travers les villages et les pics karstiques. Les rizières au pied de ces pics offrent un paysage magnifique. Nous décidons de nous arrêter manger dans une petite cabane en bois posée au bord d’un étang pour l’admirer.
Ici le temps s’est arrêté et tous les travaux agricoles se font encore à la main. On est loin des villes touristiques croisées sur notre chemin et on apprécie le contraste. Nous observons un homme qui amène sa vache se baigner, une femme qui pousse une charrette, un groupe qui récolte le riz, les enfants qui galopent et jouent avec une brindille… Tout le monde nous dit bonjour et nous adresse des sourires sincères lors de notre passage. Ces deux jours nous ont coûté la location d’un vélo et tout ce que nous avons pu entrevoir n’a pas de prix.
Notre périple chinois arrivant à sa fin, nous reprenons la route vers Hong Kong dans notre moyen de locomotion préféré, les bus couchettes !!! On ne va pas s’attarder sur la nuit passée dans le bus mais le dos s’en souvient encore… Après un mois en Chine, nous prenons une claque en revenant à Hong Kong, ici pas de crachat, les gens s’excusent lorsqu’ils vous bousculent, etc. « Un pays, deux systèmes », mais également deux mentalités totalement différentes ! Malgré le fait que nous soyons des rats des champs confirmés, nous apprécions beaucoup Hong-Kong. Les gens ne semblent pas stressés malgré le business qui s’y déroule. De quoi donner quelques idées de projets à Guillaume…
Rien d’exceptionnel à raconter pour nos 2 jours à Hong kong, ils sont consacrés uniquement à la préparation des voyages suivants. Enfin si, un truc important, on a notre Mahjong ! Nous allons donc renvoyer notre premier colis vers la France et avons 7 mois pour comprendre les règles avant de pouvoir y jouer !
Le voyage en Chine (comme celui du Sri Lanka) nous a permis de nous interroger sur notre manière de voyager et de dresser un premier bilan. Certes, il semble difficile de passer outre la Grande Muraille et la Cité Interdite, mais nous nous rendons compte à la fin du voyage que nous apprécions de passer du temps à flâner hors des sentiers battus, surtout à la campagne. Nous avons donc décidé pour les prochaines destinations de passer rapidement sur les sites « incontournables » pour nous réserver plus de temps sur des sites moins touristiques.
Pour les courageux qui sont arrivés au bout de l'article, et surtout pour petit Jules, voici le cadeau bonus :