Jusqu'au bout du monde
Avant de commencer, jetez un œil au jeu de KikiveulaKakarte, normalement celui-ci est à la portée de tout le monde ! C’est votre dernière chance…
Nous voici donc aux portes de la Patagonie, dans la ville de Bariloche, capitale nationale du chocolat et une des destinations les plus populaires en Argentine puisque l’on peut y skier. Nous sommes ici au bord du lac Nahuel Huapi et au milieu de l’immense parc naturel du même nom. La ville est entourée de montagnes enneigées et de forêts aux nombreuses nuances de couleurs grâce à l’automne. Afin d’admirer la vue nous avons pris un télésiège pour prendre un peu de hauteur. Le spectacle était grandiose mais nous ne nous sommes pas attardés car le vent soufflait très fort !
Pour nous réchauffer un peu nous nous sommes régalés d’une bonne fondue suisse, de quoi nous croire en pleine station d’hiver. Pour ce qui est du chocolat, on ne pouvait pas partir d’ici sans tester, mais l’avis d’Agnès chocolatologue émérite est que celui-ci ne casse pas des briques…
Les nuits en auberge de jeunesse sont parfois difficiles mais nous avons dégotés ici une championne du monde, une Russe qui durant deux nuits nous a fait la totale : des allers-retours incessants dans la chambre, un bruit monstre pour se doucher et se préparer a 3h du matin avec tous ses sacs plastiques, et une fois couchée et endormie, madame parle (ou plutôt hurle) durant son sommeil… De quoi nous mettre de bonne humeur le matin !
Afin de profiter pleinement du parc, nous louons une voiture durant trois jours, direction San Martin de los Andes par la célèbre « route des sept lacs », qui compte … dix lacs dont cinq visibles depuis la route. Sa remue sévère sur le chemin et notre petite Corsa en prend plein les amortisseurs mais les paysages sont dignes de cartes postales et nous en prenons plein les yeux !
A San Martin une bonne surprise nous attend, pour le prix habituel que nous payons pour nos dortoirs en auberge de jeunesse, nous dégotons un mini-appartement au bord du lac avec kitchenette, salle de bain, grand lit… un petit havre de paix après trois semaines de dortoirs et deux dernières nuits de concert de sacs plastiques.
Le lendemain nous partons pour une grosse journée de randonnée au milieu du parc Lanin, mais celle-ci fut un peu décevante car elle se résumait à une énorme côte pour atteindre un sommet, d’où la vue n’était pas géniale… Nous revenons donc un peu déçus à notre petit appartement et profitons de notre « cuisine » pour nous mijoter un bon petit repas (arrosé de vin Argentin bien sûr !).
Le jour suivant nous partons pour Villa la Angostura explorer la péninsule de Quetrihué et le parc Los Arrayanes. Ce parc est unique au monde car le seul permettant d’observer les arrayanes, les arbres pelés sur les photos. La marche de 12km à travers la forêt était beaucoup plus agréable que celle de la veille et nous nous sommes régalés. A tout moment on s’attendait à croiser des lutins ou des elfes dans cette qui paraissait tout droit sortie d’un conte de fée.
Il est temps de quitter les forêts du nord de la Patagonie et de traverser celle-ci pour atteindre notre prochaine étape : El Calafate. Petit trajet de 33h de bus quand même, le sud du pays se mérite !
El Calafate est une petite ville servant de porte d’entrée pour le parc des glaciers, un lieu unique permettant d’admirer le plus grand glacier du monde et ses terminaisons dont la plus célèbre : Le Perito Moreno !
Nous faisons la connaissance dans notre petite auberge de 5 Français super sympas, forcément puisqu’ils sont originaires pour la plupart de Carmaux ! Julie et Clément sont expatriés pour un an à Buenos Aires pour les études et leurs cousins leur ont rendu visite. Du coup nous avons passé la soirée à discuter avec eux, c’est assez étrange de se retrouver au fond de la Patagonie pour parler de la Roucarié, des échaudés ou de petits villages que même la moitié des Carmausins ne connaissent pas.
Après une courte nuit, nous prenons donc la route pour le fameux Perito Moreno. Le plus célèbre glacier au monde, un des seuls qui malgré le réchauffement climatique continue à avancer, et pas qu’un peu car sa progression est d’environ 2m par jour !
Le prix des trekkings pour marcher sur le glacier étant trop cher pour nos petites bourses, nous nous contentons de l’approcher de deux manières : tout d’abord en bateau, ensuite à pied par des passerelles situées sur la rive juste en face de lui.
Le premier truc frappant c’est le gigantisme de ses dimensions, plus de 30km de long et la falaise de glace qui se jette dans le lac oscille autour des 50m de haut, inutile de préciser qu’on se sent un peu petit à coté de lui !
Et puis vient le moment magique où survient, dans un énorme grondement qui se répercute dans toute la vallée, les premières chutes de blocs de glace. Le spectacle est surnaturel et grandiose. Nous passons toute la journée à observer le monstre en guettant la moindre chute de paroi. Durdur de prendre en photo ou même filmer une chute en direct, celles-ci surviennent à n’importe quel moment.
Par chance nous en avons quand même une dans la boîte avec en plus des supers commentaires biens tarnais de Julie, qui nous quittera juste après pour son bus. (pour vous donner un ordre d'idée de la taille du morceau, regardez les gens en bas à gauche à la fin de la vidéo.)
Après le Perito Moreno, qui restera une des journées fortes de notre voyage, nous prenons la direction d’El Chalten pour explorer la partie nord du parc des glaciers.
Les randonnées dans le coin sont parmi les plus belles du pays et nous comprenons vite pourquoi, la vue sur le Fitz Roy et le Cerro Tore est magnifique. Ces montagnes sont célèbres dans le monde entier car elles représentent un véritable défi pour les alpinistes (ou plutôt andinistes) les plus chevronnés, en effet on voit mal comment monter ces pics rocheux, rien que d’y penser nous avons le vertige.
Première journée à El Chalten, première randonnée ponctuée de rencontres sympas. Tout d’abord une famille de « Woody wood Pecker » en plein boulot qui n’étaient pas dérangés du tout par notre présence, puis un gros oiseau sur le chemin, imperturbable, ce dernier est resté un bon moment histoire de prendre la pause.
Par manque de temps nous n’avons pas pu aller jusqu’aux glaciers mais ce ne sera que partie remise pour le lendemain. Nous partons donc à l’assaut du lac Torre et du glacier Grande pour une randonnée de 30km. Les vues sur les montagnes sont magnifiques et nous arrivons enfin au lac Torre vers midi. Après un petit pique-nique, voici l’heure de « la super-idée de la journée de Guillaume » qui décide de faire le tour du lac pour aller au pied du glacier. Il se trouve que le tour du lac est une zone d’éboulis, donc outre le danger de se prendre un rocher sur la tête, la progression à travers ces rochers est très lente et très « casse-gueule ». Agnès a d’ailleurs testé l’eau du lac en glissant sur un rocher et se retrouvant avec l’eau glacée jusqu’au genou.
Nous revenons finalement vivants de ce petit hors piste et reprenons le chemin du retour pour arriver enfin en fin d’après midi dans notre dortoir pour un repos bien mérité. Le dernier jour, nous profitons de la vue dégagée des sommets pour prendre quelques photos.
Et nous voilà de nouveau dans notre deuxième maison, les bus pour un trajet de 27h en comptant les attentes dans les gares routières (4 changements de bus !) pour une destination mythique : Ushuaia. Le petit renard, on l'a croisé aux douanes chiliennes que l'on traverse pour aller sur la terre de feu.
Inutile de préciser que nous arrivons crevés dans notre dortoir d’Ushuaia. Sur place nous faisons la connaissance de trois Français super sympa qui sont …. du Tarn (Gaillac) ! A croire que la Patagonie est envahie par les Tarnais ;)
C’est en suivant leur conseils que nous prenons le lendemain un petit bateau pour une croisière sur le canal de Beagle au lieu des immenses catamarans touristiques. Nous n’avons pas regretté ce choix car le petit bateau nous a permis de nous approcher de très près des animaux, de quoi faire de jolies photos. Nous avons fait la connaissance de gros canards qui se déplacent lourdement, d'ou le nom de canard à vapeur...
Après avoir fait le tour du « phare du bout du monde », nous avons pu observer cormorans, otaries et lions de mers sur leurs petites îles.
Et clou du spectacle, une rencontre apparemment très rare, un couple de condor des Andes immenses se dressaient fièrement au somment d’une petite île. Nous sommes restés bien 20 minutes à tourner autour d’eux et même la guide ne lâchait pas son appareil photo !
Ces trois heures au milieu de cette faune marine étaient un moment magique et vraiment très fort. En plus ce fut l’occasion enfin de gouter le maté, la boisson nationale, sorte d’infusion d’herbe amère que l'on aspire à la paille et que l'on se fait passer.
Nous avions prévu plein d’activités ici mais beaucoup dépendaient d’un petit détail : la neige. Malheureusement celle-ci n’est pas au rendez-vous donc nous disons au revoir aux randonnées en traineaux à chiens L . C'est d'ailleurs sur place que nous apprendrons que nous visitons Ushuaïa pendant la pire saison.
Du coup nous avons pris un rythme plus pépère et avons passé la matinée du lendemain à parler avec Simon, Stéphanie et Amandine, nos voisins Tarnais.
L’après midi, nous visitons le musée maritime installé dans l’ancien pénitencier. Le musée est très instructif sur l’histoire de la ville et de la Terre de feu.
Jadis peuplée d’Indiens Yamanas qui avaient entre autre comme particularité de vivre nu malgré la rudesse du climat. Une partie du musée-prison est resté tel quel, ça fait froid dans le dos. D’ailleurs on a croisé un détenu oublié dans une cellule.
Nous partons le lendemain pour le légendaire parc de la Terre de Feu. Nous voici vraiment au bout du monde, au milieu de la nature avec quelques rares touristes.
Nous traversons la forêt durant 6 heures en longeant parfois la côte ou nous apercevons de nombreux oiseaux marins et quelques lions de mers en train de barboter.
Au détour d’un sentier, nous croisons le chemin d’un énorme renard. Celui-ci est resté impassible et nous a observé une bonne minute avant de repartir calmement.
En fin de randonnée, nous sommes tombés sur d’immenses barrages de castors mais pas de trace de ceux-ci car ces messieurs dames sont en train d’hiberner. Les castors ont été introduits par l’homme récemment. Les arbres locaux étant inadaptés à leur présence et n'ayant pas de prédateur, le castor a produit de véritables ravages sur le parc.
Pour notre dernier jour à Ushuaia, nous sommes grimpés voir le glacier surplombant la ville. Il faisait un froid de canard et nous avons bien cru restés frigorifiés sur le télésiège !
Quelques pas dans la neige et quelques photos, nous ne nous attardons pas plus et retournons au chaud pour attendre notre avion et dire au revoir à la Patagonie et à bientôt nous l’espérons. Près du glacier, un caillou a sauté dans notre sac, allez savoir pour qui...